La trace
Il était une fois un 12 janvier 2011.
Je sentais bien depuis quelques jours qu'il se passait quelque chose d'anormal. Un peu plus fatiguée que d'habitude. Un peu nauséeuse au réveil. Des petites crises d'hypoglycémie. Mais non. Impossible. Un an de traitement pour avoir Coline. Presque 3 ans de traitement pour avoir Louise. Et là rien - juste l'amour... Impossible.
Et pourtant ce matin là je me suis garée devant la pharmacie, j'ai acheté un test les joues rougissantes et et et... J'ai vacillé. Impossible. Pas d'injections, pas de prises de sang, pas de courbes de température, pas d'angoisses, pas de larmes... Alors pour être sûre, vraiment sûre, j'ai poussé les portes d'un laboratoire et j'ai fais une prise de sang.
Vous aurez les résultats ce soir à 17h, bonne journée Madame.
Il était midi. Il fallait attendre 17h. Heureusement une oreille amie était là pour m'écouter, m'apaiser, m'aider à patienter.
Il est 17h. Je me gare, fébrile. Je traverse le parterre qui me sépare du labo et dans ma précipitation j'oublie que je suis chaussée de mes boots préférées, celles en daim, celle que je chouchoute et que j'entretiens si bien. Et je marche dans la boue. Et j'arrive au labo. Bonsoir je viens chercher des résultats, oui c'est ça c'est bien moi, je vous remercie, bonne soirée Madame. Je suis sur le trottoir. J'ouvre l'enveloppe, mon coeur bat la chamade. Nos coeurs battent la chamade, nous sommes deux, je le sais maintenant.
Je rentre. Je prépare le dîner des enfants. Je les couche. Je prends une douche. Chéri, j'ai un truc à te dire...
Le lendemain je chausse mes boots, elles ont une tâche de boue. Je frotte mais il reste une trace. La trace de ce moment là. Une trace que je n'effacerai pas.
.Il était une fois un 12 janvier 2012. Ils vivaient heureux avec leurs trois enfants.